Devant le miroir le jeune sorcier grimace. Il avait beau avoir vécu la même scène tous les jours depuis la rentrée, celle-ci n’était pas beaucoup concluante en se début d’octobre. La cravate vert et argent se refusait de lui obéir. Pas moyen. Soupirant doucement le serpentard finit par rabattre sa cape un peu devant cette dernière afin de ne pas montrer qu’elle était de travers. Il avait bien une solution en tête mais encore fallait il trouver un de ses ainés, puis l’idée de se faire aider le répugnait. Quoiqu’il en soit il avait tout intérêt à se dépêcher s’il ne voulait pas sauter le p’tit déj’. Ainsi quitta t’il son reflet pour attraper son chaton d’une main et son sac de cours de son autre main. Se dernier atterrit sur son épaule tandis que le premier se débattait afin de quitter son étreinte. Mais le jeune Blake ne le lâcha pas.

Quittant les cachots, le jeune vert et argent frissonna doucement sous un courant d’air tandis qu’il zigzaguait entre les plus grands serpents… non mais quel surnom stupide… et pourquoi un serpent pour emblème vraiment ? Il se devait de demander cela à qui de droit mais, à son plus grand désarroi, ce dernier daignait ne pas lui répondre. Vint vite la chaleur du hall où de nombreuses silhouettes de toutes les couleurs faisaient des va et vient entre la grande salle et ailleurs. Le petit bonhomme fit de même en entrant dans la grande salle qu’il parcouru du regard afin de situer les deux autres O’Mael. Il parvint finalement à repérer ces derniers et il se faufila vers Piers d’un pas lent et calculé. Poufsouffle…non mais pourquoi avait il accepté d’atterrir là ?! Tout le monde sait que c’est la maison des losers… M’enfin, c’était Piers…mais il lui faisait quand même honte à ce niveau. D’ailleurs le regard de ses camarades de classe lui brûlaient tellement la tête que le gamin finit par faire volte face et avancer tête baissée vers la harpie… Tant pis… Il mettrait les points sur les i avec Piers plus tard afin que ce dernier fasse quelque chose de suffisamment classe pour qu’on en oublie qu’il est un blaireau. En attendant, il était désormais arrivé prés de Lucrezia et c’est sans hésitation qu’il prit place à ses côtés sous les grands yeux interrogateurs des serdaigles. La plupart ne manquant pas de lui faire remarquer que sa table était de l’autre côté. Le jeune garçon se contenta de les snober avant de leur répondre un simple « Vraiment ? » d’un ton condescendant avant de se servir son petit déjeuné irlandais qu’il ne manquait jamais de prendre.

Silencieux, il entama son repas doucement mais surement sous les regards moqueurs des serpentards qu’il fusilla doucement du regard avant de fixer sa fourchette tandis qu’il se battait avec son bacon. Pas très motivé d’avoir le cours d’histoire de la magie en commun avec les pouffy, le jeune serpy n’osait même pas demander à sa sœur de lui remettre sa cravate en place parce que ce serait trop la honte devant tout le monde. Une lettre qui tomba sous son nez l’empêcha de réfléchir plus longtemps. Il reconnu de suite l’écriture maladroite de son cracmol de frère et se contenta d’envoyer la lettre d’un geste souple sur le côté pour que Luz la garde : il ne voulait rien de son crétin de benjamin. Cependant la lettre finit par atterrir dans l’assiette de son ainée…A croire que même à 10cm il était incapable de viser juste. Le jeune serpy regarda alors sa harpie de sœur avec un regard tout penaud qui voulait dire ‘j’ai pas fait exprès ne ma frappe pas’ avant de regarder derrière lui après son frère afin de l’appeler à la rescousse au cas où. Il n’aurait que quelques pas à faire dans ce cas là mais il ruinerait sa réputation à vie. Ainsi préféra t’il finir d’engloutir son repas silencieusement histoire de pouvoir ‘fuir’ à la table des serpentards si le besoin se faisait ressentir.

Il faisait bon, pour un mois d'octobre. Assez pour que, dans son uniforme de robe longue et de chandail, Lucrezia, une nouvelle fois, est oublié de mettre ses longs collants blancs. Non, c'étaient de petites soquettes grises qui s'accordaient à ses souliers noirs, et un petit ruban bleu finissait d'orner sa disgression au règlement en agrémentant ses cheveux. Il fallait dire que pareille crinière demandait de sa part un peu plus qu'un coup de peigne après séchage ; et elle avait donc une sorte de palmier sur la tête. Non pas qu'elle ait vu en vrai un palmier dans sa vie, mais c'était ainsi que la coiffure s'appelait. Étrange, mais bon, telles étaient les coutumes. Et elle s'y pliait sans comprendre.

Sous les ricanements de ses camarades de chambres, ne s'étant pas apercu qu'elle avait mis son petit gilet gris et bleu à l'envers, elle descendait donc manger avec un énorme grimoire sous le bras, voulant le finir rapidement pour le rendre à la bibliothèque avant la reprise des cours. Un de ses serpents, Redstain, était paresseusement calé dans son soutien gorge, et lui sifflait des mots sans queue ni tête en dormant. Un équivalent de « souris souris souris » qui la faisait sourire et donc passer pour une illuminée aux yeux de tous. Ce ne fut que dans la Grande Salle qu'elle prit un air un peu plus solennel, officiel, s'installant gracieusement à sa table... pour entendre un garçon plus jeune lui dire timidement que sa tenue n'était pas correcte. Elle crut au départ qu'il parlait de ses bas et voyait déjà rouge à l'idée qu'un enfant si jeune et pur ne put s'intérésser à ses jambes, mais se rendit rapidement compte qu'elle avait bien mis à l'envers son chandail.
Par les calecons de Merlin, quelle honte ! L'adolescente perdit alors tout décorum en le retirant à la vue de tous, exposant ses épaules nues, et le remettant ensuite, une fois retourné. Juste à temps pour l'arrivée de son adorable – si si – petit frère.
Blaaaaake <3
Quelques serdaigles constipés de naissance se mirent en tête de faire partir le serpent de la table, serpent qui se mit à siffler qu'on allait pas l'ennuyer de si bon matin. Brave petit O'Mael. Elle se restreignit cependant de lui sauter au cou et de gagatiser sur sa bonne bouille ; d'autant qu'elle avait tendance à siffler sans savoir pourquoi au réveil. Un jour on lui expliquera le principe du Fourchelang, mais pas aujourd'hui.
Elle se contenta donc d'un grand sourire et d'une bise sur la joue baveuse avant de s'attaquer elle aussi à son thé et ses côtelettes d'agneaux ; rien de mieux que de la viande pour commencer la journée. Une lettre atterit alors dans son champ de vision, finissant son trajet dans son assiette. Dans la sauce de sa viande ; sauce moutarde, je précise, épicée, liquide, propice aux éclaboussures et qu'il fallait donc manger avec précaution.

« HIIIIIIiiiiiiIIII ! BLAKE O'MAEL, QU'ESCHQUE TU A FAIT?! »

Cha choulie robe... Ahem, sa jolie robe, plutôt. Oui, la parole ne rendait pas plus attrayante la pauvre Lucrezia, qui chantait pourtant très bien ; quoique son chuintement pouvait être considérer comme mignon. Sauf quand elle en usait pour hurler d'outrage, comme à l'instant. Sa belle robe... Eclaboussée, fichue, détruite ; un vrai crime. C'est qu'elle n'en avait pas tant que ça, de si jolies, de si ajustés à ses courbes, qui la faisait presque paraître jolie.

« Oooooh, ne crois pas poufoir t'en aller chi fachilement ! Ackhio! »

On oubliera juste que Blake n'avait même pas essayé de fuir, elle le connaissait comme si elle l'avait fait, et savait décrypter son langage corporel, qui criait à la fuite. Aussi prenait-elle les devants. Malgré ses problèmes avec le latin, ses sorts fonctionnaient toujours parfaitement, et le pauvre enfant se retrouva très rapidement devant une grande sœur énervée. Et ce petit regard misérable ne marchait pas avec elle, oooh non.

« Monchieur, des echkueses, maintenant. Ou chinon, je me devrais d'informer père et mère. Qui ne cheront pas contents.  »

Les poings sur les hanches, faisant tendre le tissu mouillé de sa petite robe, elle était mignonne, avec ses yeux flamboyants et la crinière quelque peu dérangée par tous ses mouvements brusques. Bon, ou était Piers pour l'aider à s'assurer que sa crapule de petit frère ne recommence pas pareil traitement de ses habits ? Lui saurait parler à la terreur, puisque plus la demoiselle ouvrait la bouche, plus les rires semblaient résonner à ses oreilles. La faisait rougir un peu plus fort de colère.